La Citadelle de Namur se situe sur une colline au confluent de la Sambre et de la Meuse. Cette position stratégique, au carrefour de plusieurs voies de communication, a fait d’elle une place forte importante en Europe. Son rôle était de défendre et de surveiller ce point de passage. Elle a dès lors été un objet de convoitise au fil des siècles.

Bien que le site soit occupé de façon ponctuelle depuis la préhistoire, sa fonction militaire n’est attestée qu’à partir du 3e siècle de notre ère, avec la construction d’une barrière

Au Moyen Age, une résidence fortifiée est érigée à la pointe de l’éperon rocheux et est peu à peu transformée en un véritable château fort.

Ce château médiéval comprend à l’époque deux ensembles : le château en lui-même et un mur de barrage situé en avant. Le château est alors entouré de tours et de hautes murailles. A l’intérieur de son enceinte se trouvent la résidence des comtes de Namur, une collégiale bordée par les maisons des chanoines, une ou plusieurs aula (salles de réception), une tour maitresse, une boulangerie, un cellier, des écuries, des chapelles, une fauconnerie, des puits, des citernes à eau… La seconde partie, située au-delà du fossé de protection, est composée d’un mur et de quatre tours. Cette enceinte de défense barre la base de l’éperon rocheux entre la Sambre et la Meuse. De ces deux parties, il ne subsiste que l’aspect général du château, trois tours, des pans de murailles et quelques vestiges de l’enceinte avancée.

À partir de 1519, le conflit qui oppose Charles Quint – empereur de nos régions – au roi de France François Ier entraine une véritable course à l’armement. Celle-ci a pour conséquence d’accélérer le perfectionnement de l’artillerie et le développement des techniques de fortification. Une nouvelle forme de défense apparait : la construction enterrée et les bastions. Les grands principes en sont : des murs plus bas, plus larges et couverts d’une couche de terre protectrice. À Namur, un front bastionné dit « Médiane » est ainsi érigé en contre-haut du château. Il comprend un mur de courtine et deux bastions qui renferment chacun une casemate à canon. Malgré des modifications postérieures, la forme de cette partie est toujours visible, de même que les casemates.

Suite à l’entrée de l’Espagne dans la guerre de Trente Ans (1618-1648), la Citadelle de Namur subit des aménagements considérables et des travaux de fortification. 

Une nouvelle partie de défense, appelée « Terra Nova », voit le jour entre 1631 et 1675. 

Elle est délimitée en son point le plus haut par un large « ouvrage à cornes » (ouvrage bastionné) flanqué par deux demi-bastions, tandis qu’un bastion complet protège le côté Sambre. De cette partie, le fossé et la forme des fortifications peuvent encore être observés.

Au fil des siècles, les efforts de défense se portent sur les hauteurs de la colline afin de pallier les deux principaux points faibles de la Citadelle : le ravin de la Foliette qui permet aux assaillants d’approcher à couvert via une pente douce et le dénivelé qui favorise l’assaillant, arrivant toujours par le haut.

Après plusieurs campagnes de démilitarisation et des reconstructions partielles et épisodiques, les derniers grands travaux de fortification de la Citadelle ont lieu entre 1815 et 1830. Suite aux conquêtes Napoléoniennes et à la défaite française à Waterloo, nos régions sont annexées aux Pays-Bas. Les décisions prises au Congrès de Vienne veillent à contenir la France dans ses frontières et une nouvelle ceinture fortifiée est érigée dans ce but. La Citadelle est dès lors reconstruite par les Hollandais en suivant en partie le tracé des anciens remparts. Ces aménagements restent visibles puisqu’environ 90% de la Citadelle telle qu’on peut l’observer aujourd’hui date de cette période.

Dès la fin du 19e siècle, la construction de neuf forts en béton autour de Namur rend la Citadelle inutile en tant qu’outil de défense. Elle se transforme alors en centre de loisirs et de promenades.

Un hôtel est construit sur les hauteurs ainsi qu’un stade des jeux et un théâtre à ciel ouvert. Ils permettent l’organisation de manifestations ludiques et sportives. Le fronton du stade des jeux est d’ailleurs marqué de l’inscription latine Ludus pro patria ou « des jeux pour la patrie ». L’accessibilité au site est facilitée par le tracé de deux routes panoramiques, d’une ligne de tramway et par l’installation d’un funiculaire. Seules les parties dénommées « Médiane » et « Terra Nova » conservent leur fonction militaire. Elles servent principalement de lieu de casernement. La Citadelle joue néanmoins un dernier rôle militaire durant la Seconde Guerre mondiale en tant que poste de commandement de la Position Fortifiée de Namur. Le dernier régiment militaire quitte le site en 1977.

Il est aujourd’hui possible de visiter la Citadelle de Namur de différentes manières. La découverte peut s’en faire librement, sous forme de balade dans le parc arboré qu’elle constitue. Le Centre du Visiteur Terra Nova offre aux visiteurs un voyage dans le temps mais aussi dans l’histoire de Namur et de sa Citadelle au travers de films, de maquettes et de documents. Un train touristique permet d’arpenter le site tout en profitant des superbes points de vue qu’il offre sur les vallées de la Sambre et de la Meuse, balade ponctuée d’informations historiques. Enfin, la visite guidée des souterrains emmène les visiteurs à la découverte du passé militaire de la Citadelle en plongeant dans ses entrailles. La visite est agrémentée de projections en vidéo-mapping et de fonds sonores qui facilitent la compréhension et la rendent plus ludique.

La Citadelle de Namur est le témoin de millions d’années d’histoire géologique et de deux mille ans d’histoire humaine. S’y promener permet de traverser les âges et de prendre connaissance d’un patrimoine militaire important…